On entend parler d’éducation bienveillante, positive ou respectueuse à toutes les sauces… des blogs aux livres, en passant par des formations en ligne qui pullulent sur Internet, tout amène les parents à avoir le bagage nécessaire pour éduquer leur(s) enfant(s) de la “meilleure” des manières. Evidemment, en animant des ateliers de communication bienveillante, je me considère dans le lot de toutes ces personnes bien intentionnées… mais je tiens à souligner un point très important pour vous permettre de relativiser toutes ces informations :

Tous ces nouveaux outils et nouvelles connaissances, notamment par l’apport des neurosciences mettent une grosse PRESSION sur les épaules des parents, soucieux de suivre les nouvelles recommandations. En effet, nous sommes de plus en plus informés quant aux conséquences des pratiques éducatives sur le bon développement de l’enfant. Pour certains, toutes ces informations poussent à avoir des standards parentaux élevés.

Par conséquent, si nous n’arrivons pas à être bienveillants avec nos enfants, sommes nous de mauvais parents ?

Une certaine culpabilité peut s’installer lorsque nous n’entrons pas dans les standards que nous nous sommes fixés. Des cris, du chantage, des gestes brusques… nous n’avons évidemment pas choisi d’élever nos enfants dans un contexte de violences éducatives… et pourtant, parfois cela nous échappe.

Le but de cet article est de vous donner des éléments pour vous déculpabiliser si jamais vous n’arriviez pas à suivre les recommandations à la lettre. Oui, une éducation respectueuse est importante pour l’enfant, mais ne nous jetons pas la pierre si nous dérapons involontairement.


1- Non, il ne faut pas être parfait pour donner une éducation bienveillante

 

Si, dans le meilleur des mondes, vous arriviez à mettre parfaitement en oeuvre une éducation positive, voici ce que vous apprendriez à votre enfant :

-> Que vous êtes parfait, et que par imitation, il faut qu’il le soit également.

Quelle pression ce doit être pour un enfant d’être parfait, non ? Le droit à l’erreur n’existerait pas. En plus d’être une utopie, ceci serait particulièrement angoissant ! C’est grâce à vos erreurs, et parfois aux excuses que vous ferez à votre enfant si jamais votre bienveillance vous a quitté un instant, qu’il comprendra que lui aussi à le droit à l’erreur, et qu’il n’a pas besoin d’être parfait pour être aimé et affirmer qui il est.

ET ATTENTION SCOOP ! Ce n’est pas parce que vous vous éloignez de “l’éducation bienveillante” quelques instants que vous êtes malveillant avec votre enfant ! La définition même de l’éducation bienveillante réside dans toute l’intention que l’on y met. La dualité bienveillant/malveillant n’existe que si on l’interprète de telle sorte, et pour ma part, je n’ai pas envie de voir les choses sous cet angle.

Le monde est fait de nuances, et cela est encore plus vrai et pertinent dans l’éducation : L’enfant est unique, et l’éducation que vous lui offrez est unique elle aussi, faite de hauts, de bas, d’encouragements, de disputes, de valorisations et de bouderies, de moments de qualité et de moments moins sympas. Par conséquent, vous ne vivez pas, soit des jours tempétueux, soit des jours de grand beau : il y a des journées pleines de brouillard, d’autres très nuageuses ou encore d’autres avec un rayon de soleil. Donc il n’existe pas que des parents bienveillants et malveillants, et une éducation bienveillante et malveillante. Vous l’aurez compris, c’est bien plus complexe que cela…

Vous avez l’intention de le rendre heureux et de faire au mieux pour lui, c’est TOUT CE QUI COMPTE ! Ce n’est pas parce que vous vous énervez ou que vous ne suivez pas strictement les règles de l’éducation bienveillante que votre intention de base change. Donc rassurez-vous, les dérapages font partie de l’éducation bienveillante !


2- Quoi qu’on en dise, ce n’est pas possible d’être dans l’éducation bienveillante tous les jours, à tout moment

À nouveau, ce serait une utopie de croire qu’une éducation positive est possible continuellement. Pourquoi ? Car cela voudrait dire qu’elle requerrait un self-control de tous les instants, une gestion des émotions à toute épreuve, une zen attitude en toutes circonstances. Seulement, nous avons des émotions, des contextes, des journées différentes. Tout le monde ne peut prétendre être le Dalaï Lama (d’ailleurs, celui-ci n’a pas d’enfant ^^!) ! Alors no panic, c’est tout à fait normal si vous n’arrivez pas à garder votre calme systématiquement lorsque votre descendance chérie fait des expériences qui ne sont pas du tout à votre goût !

Par ailleurs, nos émotions nous indiquent les besoins à combler et elles sont très importantes au quotidien. Les disputes, les crises et les colères permettent de révéler ce qui ne va pas à l’intérieur de nous, de nous exprimer et de revenir à une relation avec une bonne distance (celle qui permet à chacun d’être une personne à part entière avec des besoins propres, et non fusionnés avec ceux de l’autre). Elles sont un indicateur à prendre en compte, un doigt pointé sur nos besoins non comblés.

3- Pourquoi il est indispensable de combler nos besoins avant ceux de nos enfants pour éviter de déraper :


Car, comme dit précédemment, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. En effet, au quotidien, nous avons des besoins à combler… ne serait-ce que celui de manger ou de dormir ! Remarquez comme vous êtes davantage irritable quand vous avez faim ou êtes fatigué… (et, il en est de même pour votre enfant !). Il y a évidemment les besoins vitaux, mais nous avons aussi, si l’on se réfère à la pyramide de Maslow, des besoins de sécurité, d’affection, d’appartenance, d’estime et d’accomplissement de soi. Dans la réalité, il est peu probable qu’ils soient tous comblés. En revanche, certains d’entre eux peuvent, s’ils ne le sont pas, créer frustration et émotions négatives en tout genre. C’est pourquoi, il est important de prendre conscience de nos besoins et d’essayer d’y répondre.

Si vous n’en avez pas la possibilité, rappelez-vous seulement que votre enfant n’est pas responsable de vos besoins non comblés, et que ce n’est pas à lui de le faire.

Comme l’hôtesse de l’air qui préconise de mettre votre masque à oxygène avant de mettre celui à votre enfant en cas de dépressurisation, je veux vous dire de prendre soin de vous avant votre “crash” émotionnel, afin de vous occuper de votre enfant. Evidemment, si vous avez sommeil et que vous ne pouvez pas aller vous coucher, prendre soin de vous peut seulement vouloir dire prendre 3 grandes respirations avant de revenir à votre enfant.

Il est donc essentiel d’avoir à l’esprit que si vous en avez marre de l’éducation bienveillante, il est probable que vous ne preniez pas assez soin de vous, que vous n’êtes pas assez bienveillant avec vous-même (et c’est ça, la baaaaaase !). Vouloir souffler, respirer et lâcher du lest car le poids de l’éducation à laquelle vous souhaitez adhérer est trop lourd certains jours, ne fait pas de vous le parent à abattre, bien au contraire.


J’espère qu’avec ces différents éléments, vous comprendrez que l’éducation bienveillante n’est pas une fin en soi. Elle est un idéal, une ligne de conduite, celle qui nous donne la direction tel un phare qui nous guide. Elle ne doit pas être un objectif à atteindre car soyez-en sûr, vous serez frustrés de ne pas y arriver !


Anne-Claire BROSSET – À Cœur Bienveillant