Sur les réseaux sociaux, il est fréquent de lire des commentaires faisant l’amalgame entre une éducation bienveillante et une éducation laxiste. Dans la conscience collective, on distingue aisément l’autoritarisme et le laxisme dans l’éducation. Quant à la notion de bienveillance, elle parait floue et semble se rapprocher, selon certains, du “laisser faire”. Dans cet article, je tenterai de vous éclairer quant aux éventuelles différences entre une éducation laxiste et bienveillante.
Qu’est ce qu’une éducation bienveillante ?
Actuellement, on parle d’éducation ou parentalité bienveillante, positive, respectueuse ou encore collaborative. Parfois, ces termes peuvent sous entendre qu’une éducation malveillante, négative et irrespectueuse existerait, ce qui amène certains parents, soucieux d’offrir le meilleur à leur(s) enfant(s), à culpabiliser car ils n’arrivent pas à être constamment dans la bientraitance. Ceci fera l’objet d’un autre article.
Depuis quelques années, on parle davantage de bienveillance dans l’éducation grâce à l’arrivée des neurosciences. On sait désormais que, sous l’influence du cortisol dans le cerveau, les violences éducatives ordinaires ont un impact sur le développement de l’enfant et la construction de son estime de lui-même. Très régulièrement, des articles ou vidéos apparaissent dans le but d’aider les parents à mettre en place cette “nouvelle” éducation.
Les principes de l’éducation bienveillante se résumeraient à :
- Répondre aux besoins de l’enfant,
- Le considérer comme une personne à part entière, ayant la possibilité d’exprimer ses émotions et son opinion,
- Mettre l’enfant au même niveau que l’adulte, c’est à dire sans aucune domination ou rapport de force de l’un sur l’autre,
- Adopter une communication respectueuse et empathique avec son enfant.
Qu’est ce qu’une éducation laxiste ?
Définie comme un système de pensées qui nie ou limite les interdits, elle suggère une extrême tolérance sur de nombreux points. Elle se résumerait à :
- Dire oui à tout sans limites,
- Ne fixer aucun cadre donc laisser l’enfant livré à lui-même,
- Laisser s’installer une domination de l’enfant sur le parent, induite par le fait que l’enfant cherche les limites pour se construire mais qu’il ne les trouve pas => l’enfant est roi.
Dans l’histoire de l’éducation, le modèle autoritaire et patriarcal a dominé pendant longtemps. Celui-ci était basé sur le fait qu’un enfant doit obéir à ses parents ; ceux-ci devaient donc faire respecter leur autorité pour éviter de se faire “bouffer” par leur enfant. Puis l’éducation laxiste, héritage de Mai 68, a fait son apparition, faisant de ses enfants, des enfants rois.
Pourquoi sont-elles assimilées et confondues ?
Si aujourd’hui, l’éducation bienveillante est parfois confondue avec l’éducation laxiste, c’est parce qu’il y a cette peur de l’enfant roi, voire de l’enfant tyran, à qui on laissait tout faire. Dans l’éducation bienveillante, les parents expliquent les règles, les refus et parfois négocient afin d’obtenir la coopération de l’enfant. Pour beaucoup, expliquer et négocier sont des signes de faiblesses face à un enfant que l’on aurait à dresser. L’amalgame entre bienveillance et laxisme réside dans le fait que les choses ne sont pas imposées arbitrairement comme dans le modèle autoritaire.
Mais quelles sont concrètement les différences ?
J’ai tenté de vous synthétiser cela dans un même tableau pour plus de clarté :
En conclusion, une éducation laxiste et une éducation bienveillante n’ont en commun que le fait qu’elle laisse plus de place à l’expression de l’enfant que le modèle autoritaire… et seule la peur de l’enfant roi crée cet amalgame entre ces deux méthodes d’éducation. On peut se risquer à dire que la bienveillance serait un juste milieu entre l’autoritarisme et le laxisme.
Néanmoins, il est important de souligner qu’une famille ne se cantonne pas à tel ou tel modèle. En effet, en fonction du contexte familial, de la période vécue, de l’âge des enfants et de la satisfaction de nos propres besoins en tant que parents, les pratiques d’éducation varient, passant parfois de l’autoritarisme au laxisme, tout en bienveillance…
Soyons donc tolérants avec nous-mêmes et ne tombons pas dans le piège de nous catégoriser… la perfection n’existe pas 🙂 !
Anne-Claire BROSSET – À Cœur Bienveillant